03.06.22 - 04.06.22

œuvres collectives et insectes sélectionnés

avec new scenario

communiqué de presse  ︎︎︎        archive are.na  ︎︎︎        



avec Adam Cruces, Alexander Endrulat, Aline Bouvy, Ann Hirsch, Anna Sagström, Anna Slama, Anne Fellner, Annie Pearlman, Anselm Ruderisch, Antoine Donzeaud, Antoine Renard, Aoto Oouchi, Bailey Scieszka BB5000, Bernd Imminger, Bernhard Holaschke, Beth Collar, Bradford Kessler, Bruno Zhu, Burkhard Beschow & Anne Fellner, Camilla Steinum, Carson Fisk-Vittori, Caspar Jade Heinemann, Christian Falsnaes, Christopher L G Hill, Clemence de La Tour du Pin, Connor Crawford, Courtney Malick, D3signbur3au, Daniel Keller, Debora Delmar Corp., Dorota Gaweda & Eglé Kulbokaité, Ed Fornieles, Edward Marshall Shenk, Elin Gonzalez, Emanuel Rossetti, Enrico Sutter, Eunsae Lee, Fenêtreproject (Dustin Cauchi & Francesca Mangion), Francesca Landi, Gaby Cepeda, Gregoire Blunt & Emmy Skensved, Gregor Rozanski, Hana Earles, Hannah Rose Stewart, Hilary Galbreaith, Iain Ball, Ian Swanson Inci Furni, Jaakko Pallasvuo, Jake Kent, Jakub Hošek, Jason Hirata, Jesse Darling, Joachim Coucke, Joep van Liefland, Joey Holder, Jon Rafman, Joseph Hernandez, Josephyne Schuster Brandt, Joshua Abelow, Kareem Lotfy, Keren Cytter, Kevin Kemter, Lucrezia C Visconti, Marek Delong, Maren Karlson, Maria Hassabi, Marian Luft, Mariechen Danz, Martijn Hendriks, Martin Mannig, Matt Lock, Max Kowalewski, Michael Bussell, Michele Gabriele, Michiko Nakatani Mikkel Carl, Monia Ben Hamouda, Natalya Serkova, Natasha Stagg, Nicolas Pelzer, Nschotschi Haslinger, Nuno Patrício, Nunzio Madden, Pakui Hardware, Paul Barsch, Paul Waak, Pentti Monkkonen, Philip Hinge, Phung-Tien Phan, Rachel de Joode, Rahel Aima, Rasmus Høj Mygind, Ronny Szillo, Sandra Vaka Olsen, Santiago Taccetti, Sayre Gomez, Scott Gelber, Sean Raspet, Silas Inoue, Simon W Marín, Sol Hashemi, Spencer Longo, Steph Kretowicz, Stine Deja, Sylbee Kim, Tea Strazicic, Teresa Schönherr, Thomas Payne, Tilman Hornig, Linda Reif, Timur Si-Qin, Tobias Spichtig, Tom Davis, Ullrich Klose, Va-Bene Elikem Fiatsi, Victoria Dejaco Viktor Fordell, Viktor Timofeev, Vincent Grunwald, Vitaly Bezpalov, Yves Scherer, Zack Davis, Zoe Barcza


 


















Sans doute les phasmes vous rappelleront vos années collège. Adolescent.e.s, en cours de Sciences de la Vie et de la Terre, vous étudiiez peut-être leur évolution individuelle, leur reproduction et leur cycle de vie. Le nom vernaculaire « Bâton du diable » leur fut octroyé en raison de leur capacité à se métamorphoser, au point d’imiter à la perfection l’apparence d’une feuille ou d’une brindille. Cette stratégie adaptative, consistant à se fondre dans l’environnement, permet aux insectes de se dérober aux prédateurs et d’assurer leur survie. Aujourd’hui, les voici confinés dans un drôle de vivarium : une vitrine, de type muséal, surélevée sur un piédestal. Ils cohabitent avec un écran d’ordinateur, sur lequel défilent aléatoirement des images d’archives en provenance du site web newscenario.net.

Fondée en 2015 par les artistes allemands Paul Barsch et Tilman Hornig, la plateforme rassemble une série d’expositions collectives conçues pour être vues en ligne. Elle ne ressemble pas aux « online viewing room », platement génériques. Les œuvres présentées ont intégré des lieux pour le moins fantasques, parmi lesquels une limousine, symbole d’une civilisation bling bling (« Crash », 2015), un parc à dinosaures (« Jurassic Paint », 2015), les sept orifices du corps humain (« Bodyholes », 2016), une université assaillies de zombies (« Hope », 2017). La dernière en date, nous téléporte dans les décombres d’une ville encore radioactive (« Chernobyl Papers », 2021). Plus de trois décennies après l’accident nucléaire, la zone est toujours interdite de passage. Les artistes se sont rendus sur place pour y accrocher les œuvres : des dessins sont exposés dans des hangars abandonnés, dans une cabine téléphonique, voire déposés sur une pile d’ouvrages scolaires à même le sol… Ainsi disséminées dans ces décors cinématographiques, rattachées à ces contextes spécifiques, les œuvres participent à l’écriture de nouveaux scénarios, loin du white cube des galeries dont l’environnement stérile évoque parfois de tristes boutiques Apple.

Le dispositif de monstration conçu pour « Œuvres Collectives & Insectes Sélectionnés » opère à la manière d’un écosystème au sein duquel les rôles associés à l’environnement, aux objets et aux spectat.rice.eurs sont brouillés. À la fois sujets d’observation et spectateurs des expositions en ligne, les phasmes habitent la vitrine, de sorte que les objets présentés composent leur milieu d’accueil. L’inerte et le vivant se rencontrent, s’investissent et s’influencent réciproquement. Soumise aux contingences de cette relation, l’installation, poreuse, imprévisible et mouvante, réagit librement. Ce travail s’inscrit dans la lignée des artistes qui élaborent des « stratégies de décentrement », pour reprendre les mots de Flora Katz, où il s’agit de revendiquer le caractère autonome de l’œuvre. Ce qui se joue dans ce dispositif échappe à l’œil des visiteur.ses : des liens se tissent, imperceptibles, dont la logique ne lui est pas directement accessible.

Mais le trouble provoqué par l’installation provient peut-être surtout de la mise en abyme qu’elle suggère. En observant les phasmes, on ne peut s’empêcher de s’y voir, nous, être humains, tête contre l’écran, et de s’interroger sur ce qui nous distingue de ces bestioles. Elles occupent l’espace et parasitent le dispositif, entravant la conservation pérenne des objets. Mais qui, d’entre nous deux, le phasme ou l’humain, parviendra à survivre la profonde modification de son milieu d’accueil : l’espèce qui s’adapte discrètement, mime l’environnement jusqu’à s’y fondre, ou celle qui l’altère brutalement pour répondre à quelques extravagantes aspirations ? Dans Métamorphose, le célèbre roman de Franz Kafka, le personnage principal se réveille transformé en insecte monstrueux, sorte de cafard géant. Si son apparence répulsive le déshumanise, elle symbolise surtout la révolte d’un être face à une société aliénée.


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indira béraud
images
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after hours
& amix

amaury remusat, aurélien farina, clara boulard, driss, école élémentaire publique saint-bernard, émilie batut-cozac, emmanuel cohen, francesca giuliano, harrybord desrosiers, indira béraud, luke tyson, pierre-albert renault, rebecca gonzalez, renée christiane, la reserve des arts, reynaldo gomez-vesga, oskar msellati, sophie cure, thomas sygiel, woodson





after hours
25 rue de l'aqueduc paris 10
info@afterhours.zone
@afterhours.zone






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Sans doute les phasmes vous rappelleront vos années collège. Adolescent.e.s, en cours de Sciences de la Vie et de la Terre, vous étudiiez peut-être leur évolution individuelle, leur reproduction et leur cycle de vie. Le nom vernaculaire « Bâton du diable » leur fut octroyé en raison de leur capacité à se métamorphoser, au point d’imiter à la perfection l’apparence d’une feuille ou d’une brindille. Cette stratégie adaptative, consistant à se fondre dans l’environnement, permet aux insectes de se dérober aux prédateurs et d’assurer leur survie. Aujourd’hui, les voici confinés dans un drôle de vivarium : une vitrine, de type muséal, surélevée sur un piédestal. Ils cohabitent avec un écran d’ordinateur, sur lequel défilent aléatoirement des images d’archives en provenance du site web newscenario.net.

Fondée en 2015 par les artistes allemands Paul Barsch et Tilman Hornig, la plateforme rassemble une série d’expositions collectives conçues pour être vues en ligne. Elle ne ressemble pas aux « online viewing room », platement génériques. Les œuvres présentées ont intégré des lieux pour le moins fantasques, parmi lesquels une limousine, symbole d’une civilisation bling bling (« Crash », 2015), un parc à dinosaures (« Jurassic Paint », 2015), les sept orifices du corps humain (« Bodyholes », 2016), une université assaillies de zombies (« Hope », 2017). La dernière en date, nous téléporte dans les décombres d’une ville encore radioactive (« Chernobyl Papers », 2021). Plus de trois décennies après l’accident nucléaire, la zone est toujours interdite de passage. Les artistes se sont rendus sur place pour y accrocher les œuvres : des dessins sont exposés dans des hangars abandonnés, dans une cabine téléphonique, voire déposés sur une pile d’ouvrages scolaires à même le sol… Ainsi disséminées dans ces décors cinématographiques, rattachées à ces contextes spécifiques, les œuvres participent à l’écriture de nouveaux scénarios, loin du white cube des galeries dont l’environnement stérile évoque parfois de tristes boutiques Apple.

Le dispositif de monstration conçu pour « Œuvres Collectives & Insectes Sélectionnés » opère à la manière d’un écosystème au sein duquel les rôles associés à l’environnement, aux objets et aux spectat.rice.eurs sont brouillés. À la fois sujets d’observation et spectateurs des expositions en ligne, les phasmes habitent la vitrine, de sorte que les objets présentés composent leur milieu d’accueil. L’inerte et le vivant se rencontrent, s’investissent et s’influencent réciproquement. Soumise aux contingences de cette relation, l’installation, poreuse, imprévisible et mouvante, réagit librement. Ce travail s’inscrit dans la lignée des artistes qui élaborent des « stratégies de décentrement », pour reprendre les mots de Flora Katz, où il s’agit de revendiquer le caractère autonome de l’œuvre. Ce qui se joue dans ce dispositif échappe à l’œil des visiteur.ses : des liens se tissent, imperceptibles, dont la logique ne lui est pas directement accessible.

Mais le trouble provoqué par l’installation provient peut-être surtout de la mise en abyme qu’elle suggère. En observant les phasmes, on ne peut s’empêcher de s’y voir, nous, être humains, tête contre l’écran, et de s’interroger sur ce qui nous distingue de ces bestioles. Elles occupent l’espace et parasitent le dispositif, entravant la conservation pérenne des objets. Mais qui, d’entre nous deux, le phasme ou l’humain, parviendra à survivre la profonde modification de son milieu d’accueil : l’espèce qui s’adapte discrètement, mime l’environnement jusqu’à s’y fondre, ou celle qui l’altère brutalement pour répondre à quelques extravagantes aspirations ? Dans Métamorphose, le célèbre roman de Franz Kafka, le personnage principal se réveille transformé en insecte monstrueux, sorte de cafard géant. Si son apparence répulsive le déshumanise, elle symbolise surtout la révolte d’un être face à une société aliénée.


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amaury remusat, aurélien farina, clara boulard, driss, école élémentaire publique saint-bernard, émilie batut-cozac, emmanuel cohen, francesca giuliano, harrybord desrosiers, indira béraud, luke tyson, pierre-albert renault, rebecca gonzalez, renée christiane, la reserve des arts, reynaldo gomez-vesga, oskar msellati, sophie cure, thomas sygiel, woodson



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